Quelle que soit sa forme, le crédit existe depuis presque aussi longtemps que l’argent. Le concept de prêt est intégré au cœur même de nos systèmes financiers. Toutefois, la façon dont les consommateurs accèdent au crédit et aux prêts est en train de changer.
Depuis la crise économique de 2008, les jeunes générations sont nettement moins prêtes à s’endetter par rapport à leurs prédécesseurs. Il suffit de rappeler que 50 % de la génération Y et 36 % de la génération Z seulement possèdent une carte de crédit, contre 69 % chez les baby-boomers.
L’accès au crédit, cependant, reste une nécessité, peu importe à quel point on souhaite ou non s’endetter. Afin de répondre aux différents désirs et besoins de cette génération, les banques innovantes et les Fintechs repoussent les limites des méthodes de prêt, de l’automatisation aux API ouvertes, en passant par le financement participatif axé sur les entreprises ou encore par les hypothèques immobilières.
L’un des meilleurs exemples de cette évolution est le prêt intégré ; et plus précisément, les modèles de prêt reposant sur « l’achat avec paiement différé ».
Dans ce nouvel article de notre série sur la finance intégrée, nous détaillons dans quelle mesure cette approche révolutionnaire des services financiers perturbe le segment des prêts. Pour en savoir plus, nous avons contacté Laurel Wolfe, vice-présidente du marketing chez Mambu, une plateforme bancaire SaaS basée sur le cloud conçue pour s’intégrer de manière flexible aux services des fournisseurs et des entreprises qui souhaitent offrir leurs propres produits financiers, y compris des options de prêt. En tant que représentante de Mambu (et anciennement employée chez Klarna), Laurel Wolfe a une connaissance unique de la manière dont les achats avec paiement différé changent la façon dont les détaillants, les fournisseurs de paiement et d’autres proposent leurs services à leurs clients.
En quoi consistent les achats avec paiement différé ?
Les achats avec paiement différé et les prêts intégrés sont un sous-ensemble de la finance intégrée : il s’agit de services financiers qui existent de manière invisible, là où l’on ne s’attendrait pas à les trouver. L’objectif, indique Mme Wolfe, est de « bien connaître son public et de lui donner ce qu’il veut, quand il le veut et où il le veut ».
C’est une méthode de prestation de services financiers très centrée sur le client. Dans le cas des achats avec paiement différé, le prêt intégré offre aux clients un accès élargi au crédit qu’ils souhaitent, directement au point de vente.
Crédit client simplifié
Les achats avec paiement différé permettent aux détaillants de proposer à leurs clients un accès au crédit via leur application de commerce électronique, leur processeur de paiement ou d’autres canaux. Les Fintechs comme Afterpay, Klarna et Sezzle fournissent la technologie et les données nécessaires pour faciliter ce service.
En substance, les achats avec paiement différé sont un système de versements échelonnés. Un consommateur veut acheter un produit et choisit d’étaler le coût total dans le temps. En choisissant l’option de paiement différé du détaillant, l’acheteur contracte en réalité un petit prêt. Il paie ensuite son achat au cours des semaines suivantes, généralement à taux zéro. Le détaillant est payé à l’avance et en totalité pour le coût total de l’achat et le fournisseur de l’achat avec paiement différé collecte les fonds auprès de l’acheteur.
En revanche, par le passé, le consommateur devait payer avec une carte de crédit ou même contracter un prêt bancaire, qui s’accompagnait de taux d’intérêt importants et prenait du temps à être approuvé.
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Les Fintechs, cependant, ont accès à plus de données pour évaluer le risque de crédit. Elles peuvent approuver des prêts beaucoup plus rapidement qu’une banque traditionnelle et facilement intégrer tout cela directement dans la plateforme de commerce électronique du détaillant. Tous ces éléments, pris dans leur ensemble, permettent d’accroître l’accès aux prêts (y compris pour les particuliers qui n’ont pas d’antécédents de crédit) et de réduire les taux élevés associés au financement à la consommation traditionnel, aux cartes de magasin et aux prêts de crédit. Il s’agit d’une forme de prêt inclusive très centrée sur le client.
« Beaucoup de jeunes n’ont pas nécessairement de carte de crédit ou ne veulent pas en avoir », explique Mme Wolfe. « C’est[an alternate]une façon d’offrir du crédit. » En utilisant des données externes ou qui complètent les données des agences d’évaluation de crédit, les Fintechs qui proposent des options d’achat avec paiement différé peuvent mieux comprendre le risque de crédit d’une personne qu’en regardant simplement ce qu’indique son score FICO.
Outre l’aversion pour le crédit des jeunes générations et l’accès accru aux achats avec paiement différé, les recherches montrent que cette méthode de prêt se démocratise rapidement. Selon une étude réalisée par McKinsey, l’utilisation par les consommateurs des paiements par versement aux points de vente augmente trois fois plus rapidement que l’utilisation des cartes de crédit et cinq fois plus rapidement que le recours à des cartes de marques privées ; ce qui en fait aujourd’hui l’une des méthodes de paiement connaissant la plus grande croissance.
Au-delà du fait que les achats avec paiement différé permettent à un plus grand nombre de consommateurs d’acheter des produits qu’ils ne pourraient pas se procurer autrement, Mme Wolfe souligne que la fourniture de services de paiement différé donne aux détaillants plus de pouvoir sur l’ensemble du cycle de vie du client. « Cela vous donne une compréhension plus approfondie de votre clientèle... Vous en apprenez plus sur elle et vous pouvez obtenir une relation plus étroite, puisque vous lui offrez plus qu’avant. »
Une nouvelle norme pour les prêts
Naturellement, les prêts et les plans de paiement avec échéance similaires au modèle des achats avec paiement différé ne sont pas nouveaux en eux-mêmes. Ce qui a changé, c’est la façon dont les prêts sont accordés, leur contexte et leur facilité d’octroi. Pour reprendre les mots de Laurel Wolfe :
« Pensez à ceux qui réussissent à prêter en ce moment. Ce sont ceux qui peuvent évoluer rapidement, comme les Fintechs. [...] Tout le monde veut de la praticité et du contrôle, et personne ne veut attendre. Effectuer une vérification de crédit complète par le passé pouvait prendre des semaines. Les consommateurs recherchent désormais quelque chose de plus rapide et de plus instantané. De nos jours, nos vies sont construites sur le “tout, tout de suite”, en particulier lorsqu’il s’agit de nos préférences d’achat. Cela déteint également sur nos attentes en matière de services financiers. »
C’est cette focalisation sur le client qui est à l’origine des innovations de la finance intégrée, comme les achats avec paiement différé. En fin de compte, les clients d’aujourd’hui veulent que leurs services soient rapides, personnalisés et simples. Toutefois, cette expérience centrée sur le client ne peut pas se développer seule. Les Fintechs et les institutions financières traditionnelles doivent collaborer pour y parvenir.
Selon Laurel Wolfe : « Nous devons tous aller de l’avant pour le bien du client. Il faut par exemple se demander régulièrement : “Pourquoi fais-je ce que je fais ?”. La réponse doit toujours être la même : offrir une meilleure expérience financière à mon client. » À cette fin, il faut ajuster certains paramètres des partenariats, des objectifs partagés à la technologie partagée. Mme Wolfe met l’accent sur des facteurs clés, tels que la priorité accordée aux API ouvertes, la transparence et la collaboration.
« Le meilleur résultat pour tout le monde », ajoute Laurel Wolfe, « c’est un client heureux et fidèle. Et c’est pourquoi la collaboration est importante. »
Le partenariat entre Currencycloud et Mambu en est un excellent exemple. Currencycloud élimine les complexités liées aux transactions internationales en permettant aux entreprises d’intégrer une infrastructure financière mondiale simplifiée et prédéfinie. Avec le logiciel de Currencycloud, des entreprises comme Sezzle peuvent opérer dans le domaine des achats avec paiement différé, qu’il s’agisse des portefeuilles virtuels aux comptes nominatifs, en passant par la possibilité d’envoyer, de recevoir et de gérer les paiements multidevises. Mais ce n’est pas le seul service dont les entreprises ont besoin : Mambu est une plateforme de services bancaires et financiers qui a une approche composable unique. Ainsi, les entreprises peuvent se connecter aux meilleurs services, comme Currencycloud, pour créer les offres financières modernes que les utilisateurs finaux exigent.
La collaboration et la volonté d’être tourné vers le client sont essentielles pour garder une longueur d’avance sur les nombreux nouveaux défis et opportunités qui émergent dans le monde financier. Si votre entreprise a tout à gagner d’une collaboration avec des Fintechs qui prennent ces valeurs à cœur, contactez-nous.
Et ne manquez pas les autres articles de cette série : nous nous sommes penchés sur la façon dont cette tendance permet aux entreprises de mieux gérer les transactions sur leurs plateformes. Nous avons vu comment les Fintechs comme HUBUC ont adopté ce nouveau modèle pour fournir des services bancaires intégrés, et comment les banques s’adaptent à ces changements.
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Laurel Wolfe, vice-présidente du marketing chez Mambu
Mme Wolfe cumule plus de 15 ans d’expérience en matière de leadership marketing international dans les domaines de la Fintech et des paiements. En janvier 2021, Laurel Wolfe a rejoint Mambu pour prendre la tête des activités de marketing mondial et concrétiser la vision de la société pour changer la façon dont les banques et les services financiers sont construits. Avant de rejoindre Mambu, elle a dirigé les opérations commerciales de Klarna sur ses principaux marchés d’expansion à l’international, notamment au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Espagne, en Italie et en Australie. Pendant son mandat, Klarna est passée d’entreprise « licorne » à une entreprise « décacorne ». Laurel Wolfe a également travaillé plusieurs années chez Verifone, pilier de la technologie des paiements, sa mission ayant consisté à gérer les activités commerciales dans la région EMEA.