Les PME n’ont pas suffisamment accès aux services des banques et des prêteurs à long terme traditionnels. Les prêts alternatifs ne sont manifestement pas une tendance passagère.
Ces dernières années, les prêts destinés au financement du fonds de roulement et des capitaux à court terme ont joué un rôle de plus en plus important auprès des PME souhaitant accéder à des fonds pour soutenir leurs plans de croissance, mais celles-ci estiment ne pas avoir suffisamment accès aux services des banques et des prêteurs à long terme traditionnels. De toute évidence, il ne s’agit pas d’une tendance passagère.
Afin de mieux comprendre les opportunités actuelles et futures en matière de fonds de roulement, nous nous sommes entretenus avec des experts du secteur des prêts, Ricardo Pero, PDG de SellersFunding, Peter Beckman, directeur des opérations de Treyd, et Jack Trowbridge, directeur commercial de Growth Lending, qui ont partagé leurs réflexions avec nous.
1. Dans un contexte post-pandémie, les PME ont besoin d’un plus grand soutien
Les PME du Royaume-Uni, qui représentent 98 % de l’économie nationale, ont été durement touchées par la pandémie de 2020. Pour survivre, deux options s’offraient à elles : faire face à la situation avec les fonds dont elles disposaient ou obtenir des prêts de l’État liés à la pandémie. Les prêts gouvernementaux ont permis aux entreprises de surmonter le pire pendant la pandémie, mais ces mêmes entreprises recherchent aujourd’hui des options de financement plus souples pour l’après-Covid. Les PME qui n’ont pas reçu de prêts de l’État ont du mal à obtenir des banques traditionnelles les prêts dont elles ont besoin pour se développer.
Jack Trowbridge, de Growth Lending, explique : « Pendant la pandémie, les PME ont connu des temps difficiles. Aujourd’hui, elles sont pressées de se développer. Cela explique pourquoi le modèle de fonds de roulement est si important en ce moment : elles ont besoin d’argent pour aller de l’avant. »
Peter Beckman, de Treyd, note que « les prêts bancaires traditionnels sont fondés sur la sécurité, laquelle repose sur des actifs immobilisés. C’est une vision très sûre et conventionnelle. A contrario, la nouvelle économie ne repose pas sur des actifs immobilisés : les marques de commerce électronique ne possèdent pas d’usines, les prestataires SaaS ne possèdent pas de bâtiments et ne fabriquent pas leurs propres produits. Ce qui explique que l’on voie aujourd’hui différents types de bilans. »
Les banques traditionnelles comprennent moins bien le commerce électronique et la nouvelle façon de faire des affaires, et cela se reflète dans les prêts transfrontaliers. Comme le souligne Ricardo Pero de SellersFunding : « Les banques locales aux États-Unis ne prêteront pas à une société étrangère, pas même à une société britannique qui fait des affaires aux États-Unis. Cela complique les plans des PME qui souhaitent se développer à l’échelle mondiale. »
2. Donner du crédit au crédit
Depuis 2008, il existe une certaine stigmatisation du crédit. Les prêteurs alternatifs se sont occupés des PME pendant la pandémie, en leur fournissant des crédits au moment où elles en avaient besoin. Ils ont contribué à inverser cette stigmatisation du crédit en aidant les PME à mieux comprendre pourquoi elles y ont recours : le financement est là pour promouvoir leur croissance, et il revient beaucoup moins cher que la vente de fonds propres.
Pour M. Beckman, il est important de faciliter la vie des entrepreneurs. « Nous parlons beaucoup de la SaaSification du développement d’une entreprise. Les prêteurs alternatifs font de même pour le financement de ces entreprises. Ils veulent rendre le financement facile et accessible, sans pour autant être irréfléchi. »
« Le mot “dette” est souvent considéré comme quelque chose qui apparaît lorsque le navire coule, mais c’est quelque chose qui devrait apparaître lors de la construction du navire. » Jack Trowbridge, directeur commercial, Growth Lending
3. Des emprunteurs gagnants grâce à l’innovation
Les prêteurs alternatifs sont à l’origine de l’innovation dans le domaine du prêt. Nombre d’entre eux sont eux-mêmes des jeunes entreprises et connaissent les difficultés auxquelles sont confrontés les entrepreneurs lorsqu’ils tentent de développer leur activité. Le fait que les prêteurs alternatifs ne soient pas équipés de systèmes classiques leur permet d’innover plus facilement et de s’adapter aux besoins immédiats des jeunes entreprises. Cela signifie qu’ils sont plus agiles et plus flexibles : ils sont capables d’accorder des prêts en l’espace de quelques heures, et non en plusieurs semaines.
M. Beckman cite trois innovations de la Fintech qui sont au cœur de ce qui se passe dans la finance alternative : tout d’abord, la valeur immédiate créée par les Fintech, l’offre est juste là et facilement accessible aux emprunteurs. Ensuite, les Fintech créent des produits de niche qui sont évolutifs et automatisés, de sorte qu’elles deviennent excellentes dans un type d’activité particulier. Enfin, les API permettent aux entreprises d’intégrer leurs services comme elles l’entendent, et ce, rapidement.
« Les banques disposent d’un ensemble d’outils beaucoup plus limité que les prêteurs Fintech, ce qui fait qu’il leur est difficile de changer d’échelle et de s’attaquer à des marchés de niche. » Peter Beckman, directeur des opérations, Trey
4. Dans le domaine du prêt, les données sont essentielles
L’accès aux données est déterminant pour permettre aux prêteurs alternatifs d’offrir des prêts aux jeunes entreprises et aux entreprises de commerce électronique qui n’ont pas d’empreinte physique ni d’actifs, tels que des bâtiments, pour servir de garantie. Les informations dont ces prêteurs issus de la Fintech ont besoin proviennent de données spécialisées, un espace dans lequel ils sont par nature plus à l’aise que les banques traditionnelles.
« Il est facile de comprendre pourquoi l’analyse des données entre en jeu avec le commerce électronique : il s’est accéléré pendant la pandémie et continue sur sa lancée. La capacité à proposer des conditions de financement souples et plus longues est très intéressante pour les prestataires. » Ricardo Pero, PDG, SellersFunding
5. Les prêteurs alternatifs et la finance intégrée, une complémentarité naturelle
La capacité à intégrer le financement et à accéder à tout un éventail de marchés est un super pouvoir de la Fintech. Mieux encore, l’intégration consiste à placer le client au premier plan, qu’il s’agisse d’un consommateur ou d’une entreprise. La finance intégrée permet aux prêteurs alternatifs de trouver des niches que les banques ne peuvent pas voir, ce qui leur permet de soutenir des entreprises auparavant écartées par les banques.
À propos des avantages de la finance intégrée pour les consommateurs, M. Beckman indique : « Il s’agit de l’interface client par excellence. Ce que la Fintech apporte en plus, c’est une couche de confiance supplémentaire entre le commerçant et le consommateur, par exemple les services de paiements différés et fractionnés (BNPL) de Klarna. C’est très important dans l’économie mondiale. »
M. Trowbridge souligne les avantages de la finance intégrée pour les entreprises, expliquant qu’un prêteur peut être directement intégré dans le logiciel de comptabilité d’une entreprise et y récupérer des informations sur ses clients, ce qui rend l’intégration plus fluide, plus facile et plus rapide, et permet aux entreprises de se développer plus rapidement.
Ricardo Pero de SellersFunding : « Avec l’intégration, les clients n’ont pas besoin de passer d’une plateforme à l’autre. Ils peuvent financer ce coût au même endroit : il n’est pas nécessaire de se rendre dans une banque pour obtenir une autorisation, tout est là. C’est une formidable expérience clientèle. »
« Nous avons bâti notre service sur d’autres services intégrés comme Currencycloud », Peter Beckman Treyd
6. Prêteurs alternatifs : favoriser la croissance des exportations
« Il est difficile pour les PME d’obtenir un financement bancaire pour financer les exportations. L'espace de financement alternatif devrait agir comme un acteur de deuxième niveau pour soutenir les PME dans la croissance de leurs exportations, pour financer des filiales en dehors du Royaume-Uni et pour fournir des moyens permettant la vente dans un espace transfrontalier. Le financement transfrontalier est la prochaine étape dans ce domaine. La covid a fait évoluer les choses avec environ cinq ans d'avance. » Jack Trowbridge, directeur commercial, Growth Lending
Les tendances à venir…
M. Beckman pense qu’il est logique que les prêteurs alternatifs restent des niches dans les marchés verticaux. « Il reste encore beaucoup de marge pour être un prêteur spécialisé pour différents types d’entreprises, comme le commerce électronique ou les SaaS. Une évolution intéressante pourrait être que les banques novatrices offrent des services intégrés de prêts de niche. Ce serait une évolution naturelle et une façon dont une super application pourrait évoluer. »
M. Pero note qu’il n’y a pas de réponse unique à la spécialisation. « Nous exerçons nos activités sur une vaste niche, et nous nous concentrons sur la solution pour le client final. Par exemple, nous nous concentrons sur la mise en place d’une solution mobile pour nos clients finaux, qui leur permettrait de consulter leurs informations de crédit et leurs soldes sur leur téléphone. Nous travaillons avec Currencycloud pour créer cela. »
Les banques comme solution alternative
La croissance mondiale du commerce électronique et des jeunes entreprises pendant la pandémie a permis aux prêteurs alternatifs de se développer eux aussi. SellersFunding a triplé de taille depuis le début de la pandémie. Ricardo Pero précise que ce n’est pas parce qu’elles offrent des taux inférieurs à ceux des banques, mais parce qu’elles s’adaptent mieux aux besoins de leurs clients finaux. « Nous ne sommes pas des banques. Nous avons une capacité limitée à être plus compétitifs sur les prix. La flexibilité est notre principal facteur de différenciation. Pas le prix. »
M. Trowbridge partage cet avis. « Si vous êtes un nouveau prêteur, vous allez obtenir la dette avec laquelle vous prêtez auprès de prêteurs alternatifs : vous la mettrez sur le marché à un prix légèrement plus élevé, mais vous offrirez un produit haut de gamme. Vous pouvez aussi lever des fonds auprès d’une banque traditionnelle, si elle est ouverte à cela, et proposer à vos clients un taux légèrement inférieur. »
La flexibilité est le principal facteur de différenciation entre les banques et les prêteurs alternatifs qui prospèrent grâce à leur capacité d’adaptation. Les clients choisissent entre le coût et la flexibilité, et la direction qu’ils prennent est celle des prêteurs alternatifs.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière dont la finance intégrée peut ouvrir des perspectives en matière de fonds de roulement et aider les PME à se développer, l’un des membres de notre équipe se fera un plaisir de vous renseigner. Contactez nos experts en matière de paiements.
« Nous ne voyons jamais les banques comme une mauvaise chose. Nous les considérons comme des partenaires ou des partenaires potentiels. Je pense donc que dans un avenir proche, les Fintech fusionneront avec les banques. » Ricardo Pero, SellersFunding