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Comprendre l’évolution des prêts intégrés : le dirigeant de PME vu comme un consommateur

Rédigé par Currencycloud | 13 janv. 2022 18:52:50

« L’année 2022 sera celle de la finance intégrée. Toutes les sociétés sont appelées à devenir des entreprises de la Fintech, et cela passera par des partenariats. » Sabih Ali, MarketFinance

Avec le modèle d’achat à paiement différé (Buy Now Pay Later, BNPL) de plus en plus présent dans le parcours d’achat des consommateurs, il apparaît clairement que pour les consommateurs, les banques traditionnelles ne tiennent plus les rênes lorsqu’il s’agit d’accorder des prêts. Pour preuve, rien qu’en 2021, les consommateurs britanniques ont accédé à 7 milliards de livres sterling de prêts sans intérêt grâce aux prêts BNPL, et les transactions BNPL ont connu une hausse d’environ 60 % en 2020 par rapport à l’année précédente.

Mais qu’en est-il des PME britanniques, qui représentent à elles seules 98 % de l’économie du pays ? Nombre d’entre elles sont encore freinées par les banques traditionnelles lorsqu’elles demandent ou tentent d’obtenir un prêt. Les demandes impliquent une paperasse monstrueuse, et les banques mettent parfois jusqu’à huit semaines pour approuver (ou rejeter) la demande de prêt. Étant donné que les flux de trésorerie sont le nerf de la guerre pour les PME, cette attente a un effet paralysant sur leur capacité à faire tourner leur entreprise. C’est cette stagnation qui a donné naissance à une nouvelle espèce de Lendtech, qui proposent des solutions permettant aux PME d’accéder à des prêts presque aussi simplement que le particulier qui contracte un prêt BNPL pour faire un achat sur Amazon ou IKEA.

Petit rappel de ce qu’est la finance intégrée

La finance intégrée permet à toute entreprise qui souhaite disposer d’une plateforme de paiement, de capacités de prêt ou d’autres services financiers spécialisés d’intégrer dès l’origine des solutions préalablement conçues par des partenaires financiers via une intégration API. Cela signifie que les services financiers peuvent être intégrés dans presque tous les secteurs, notamment dans un nombre croissant de sites Web et d’applications non financiers qui opèrent à l’échelle mondiale. On y trouve des noms bien connus : Etsy, Amazon, Shopify et Sidekick pour n’en nommer que quelques-uns.

Une nouvelle façon de prêter grâce à la finance intégrée

Dans ce volet de notre série sur la finance intégrée, nous mettons en lumière la manière dont la finance intégrée transforme l’accès des PME aux prêts. Nous explorons les tendances récentes de la Lendtech, et nous examinons la manière dont le secteur aide les PME, avec Sabih Ali, responsable du développement des partenariats stratégiques chez MarketFinance.

Anil Stocker et Ilya Kondrashov ont fondé MarketFinance (qui s’appelait initialement MarketInvoice) en 2011, une société de financement des entreprises de la Fintech, afin de proposer le financement de factures sur une plateforme numérique pour aider les entrepreneurs à développer leur activité. MarketFinance a été la première Fintech à proposer aux PME à la fois le financement de factures et des prêts aux entreprises, en parallèle. Depuis 2011, MarketFinance a financé plus de 3 milliards de livres sterling de factures et de prêts, et est un partenaire agréé du Recovery Loan Scheme du gouvernement du Royaume-Uni.

En tant que responsable du développement des partenariats stratégiques chez MarketFinance, et en tant qu’ancien consultant en logiciels, Sabih Ali a une connaissance directe de la puissance que peuvent avoir les relations et la technologie de pointe pour contribuer à garantir aux entreprises des services efficaces dans le domaine des prêts.

MarketFinance, lancée pour servir les entreprises laissées-pour-compte

Après la récession de 2008, l’appétence au risque des prêteurs et des banques traditionnelles a fortement diminué. Cela a eu pour conséquence de priver les PME, le moteur de l’économie britannique, d’un accès simple aux prêts ou aux financements, alors même que la Banque d’Angleterre avait permis aux banques d’accéder à des fonds à faible taux d’intérêt pour prêter aux PME. Même avec ces incitations, l’encours des prêts bancaires en novembre 2011 a diminué de 6,1 % par rapport à 2010. En 2011, les prêts bancaires accordés aux petites PME réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 1 million de livres sterling a connu une baisse encore plus prononcée. C’est cette inégalité qui a motivé les fondateurs de MarketFinance à lancer leur entreprise dans le secteur de la Lendtech. Dès le départ, ils ont voulu se concentrer sur les PME ayant un accès restreint aux prêts bancaires et rencontrant donc des difficultés à obtenir les fonds de roulement nécessaires à leur croissance. Pour resituer le contexte, en 2014, la moitié des PME britanniques sollicitant un prêt essuyaient un refus de la part des banques traditionnelles, car elles ne remplissaient pas les critères requis.

Pour les PME, la trésorerie est une préoccupation constante. Selon le site Gov.uk, en 2020, 25 % des entreprises britanniques ont déclaré que les retards de paiement constituaient une menace pour leur survie. Il s’agit du niveau le plus élevé en Europe. Les PME ont été durement touchées par la COVID-19, et 42 % d’entre elles ont demandé un prêt bancaire en 2020.

Sabih explique : « Les PME constituent la colonne vertébrale du Royaume-Uni. Elles sont indispensables à la prospérité de l’économie du pays. Pourtant, 82 % des entreprises britanniques font faillite en raison de problèmes de trésorerie. Le délai entre la demande de prêt et son approbation prend trop de temps avec une banque traditionnelle. Notre plateforme numérique aide les PME à accéder rapidement à un financement et à disposer d’un fonds de roulement. Mais ce qui est essentiel, c’est que nous fournissons des capacités d’autofinancement aux PME au moment où elles en ont besoin, afin qu’elles puissent se consacrer pleinement à leurs activités. Nous faisons en sorte de rendre les choses aussi simples et transparentes que possible pour ces entreprises, afin qu’elles puissent se concentrer sur le service à leurs clients finaux. C’est l’essence même de la finance intégrée. »

Finance intégrée : supprimer les points de friction pour les PME

Il faut parfois plusieurs mois pour que les banques approuvent, ou rejettent, une demande de prêt. Les délais constituent le principal obstacle auquel se heurtent les PME, qui risquent de couler dans l’attente d’une réponse. Un rapport publié début 2021 par le Centre for Economic Performance prévoyait que 15 % des PME britanniques risquaient de fermer leurs portes en raison du tarissement de l’accès aux fonds et aux prêts à la suite de la COVID.

Offrant des prêts depuis 2011, MarketFinance ramène le délai d’approbation de plusieurs mois à quelques heures. Pour cela, ils utilisent les données qu’ils ont accumulées en proposant des financements pendant près de dix ans pour se faire une idée plus précise et plus nuancée des PME. Cela les aide à prendre des décisions intelligentes, justes, précises et rapides vis-à-vis de leurs clients, mais aussi à leur proposer des solutions et des produits dont ils ignoraient parfois l’existence. Sabih ajoute : « Lorsque les gens veulent dégager des liquidités, ils en ont besoin immédiatement, pas dans six ou huit semaines. Nous sommes plus agiles que les prêteurs traditionnels et pouvons donc proposer à nos clients le produit financier qui leur convient en quelques heures. Pour cela, nous éliminons autant d’étapes que possible dans le processus de décision. »

MarketFinance va maintenant plus loin, et cherche activement à intégrer les prêts dans le cycle quotidien de la gestion d’une entreprise, afin d’offrir des options de prêt là où cela est nécessaire. Sabih précise : « Des acteurs comme Klarna ont ouvert la voie dans ce domaine : nous voulons faire profiter les PME d’une expérience similaire à celle offerte aux consommateurs. Ainsi, lorsqu’un chef d’entreprise consulte sa trésorerie sur son application bancaire, un bouton MarketFinance apparaît, proposant des moyens sur mesure et pertinents pour financer tout déficit de trésorerie. Ou encore, lors de l’achat d’articles auprès d’un fournisseur, une option de financement BNPL intégrée est proposée, à l’instar de ce qui se passe lors d’un achat sur Amazon. »

Pour concrétiser sa vision de solutions de prêt intégrées, MarketFinance développe des partenariats avec des banques, d’autres Fintech et des plateformes de logiciels de comptabilité. Sabih poursuit : « L’avenir de la Fintech et de la finance intégrée reposera sur la manière dont fonctionnent les partenariats entre toutes nos sociétés ; ils permettront aux unes et aux autres de développer des services et à chacune d’entre elles de gagner des parts de marché, pour, en fin de compte, offrir un meilleur service aux entreprises clientes. Cela ressemblera davantage à ce que nous connaissons déjà dans le monde de la grande consommation. »

Selon une étude récente menée par Savanta pour le compte de Currencycloud, 60 % des experts du secteur ont classé « l’amélioration de l’expérience clientèle » et « la réduction du temps passé à utiliser des produits et services financiers » parmi les trois principaux avantages de la finance intégrée.

Quand les géants endormis se réveilleront

Sabih fait remarquer que lorsque les banques se réveilleront vraiment, sentiront l’odeur du café et adopteront pleinement la finance intégrée, elles commenceront naturellement par les services bancaires, car c’est leur domaine d’expertise. Il explique que nous verrons de plus en plus de prêteurs traditionnels commencer à numériser les services qu’ils fournissent déjà. En cas de lacunes dans ce domaine, il prédit que, pour économiser de l’argent et gagner du temps, les banques se tourneront vers d’autres partenaires plutôt que de les créer elles-mêmes. Sabih pense que « pour les banques, la finance intégrée impliquera une intégration d’autres Fintech afin de mieux servir leurs propres clients finaux. Cette tendance est portée par les banques challengers, qui ont prouvé qu’il existe un intérêt des consommateurs pour leurs solutions agiles. »

Selon Sabih : « Au cours des trois prochaines années, je vois les acteurs établis numériser davantage leurs produits et services existants : ils créeront des applications et les mettront à disposition sur les téléphones portables, puis se demanderont progressivement “comment les relier à d’autres partenaires ?” »

La finance intégrée du point de vue du consommateur

Les chefs d’entreprise ne sont en fait que des consommateurs qui possèdent une entreprise. Des mastodontes comme PayPal et Amazon l’ont bien compris et proposent aux PME des prêts intégrés au point d’achat. PayPal Working Capital a déjà accordé plus de 400 millions de livres sterling de prêts à des PME établies au Royaume-Uni**. C’est un exemple concret de prêt intégré : par exemple, PayPal offre des prêts aux entrepreneurs qui achètent des marchandises sur eBay et qui paient par PayPal. La société est en mesure de prédire la capacité du commerçant à rembourser le prêt grâce aux données produites par ce dernier au fil de ses dépenses sur eBay.

POUR EN SAVOIR PLUS

L’essor et l’évolution du financement des factures

L’argent au fil du temps : la finance intégrée d’aujourd’hui et de demain

Quelles sont les tendances en matière de prêt ?

Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour voir comment se dessinent les tendances en matière de prêts intégrés. Les consommateurs s’attendent de plus en plus à une option de BNPL intégrée lors des paiements, et le partenariat conclu par Stripe et Klarna en octobre 2021 pour offrir une solution BNPL aux entreprises en ligne confirme que les prêts intégrés ne montrent aucun signe de ralentissement.

Stephen Lemon, cofondateur et vice-président des partenariats stratégiques chez Currencycloud, déclare : « Le modèle BNPL est en pleine effervescence en ce moment. Les systèmes de cartes de paiement Visa et Mastercard recrutent du personnel et investissent dans les Fintech parce qu’ils voient clairement qu’il ne s’agit plus seulement de payer par carte. »

Sabih ajoute : « Dans le secteur B2B, vous verrez de plus en plus d’options BNPL sous l’angle du prêt, où un acheteur peut vouloir différer et étaler les paiements dans le temps, répartissant les coûts au fil de l’évolution des projets. »

Les données alternatives : l’alternative au prêt pour les PME de demain

Sabih voit dans l’utilisation des données alternatives une occasion en or pour les prêteurs de l’espace B2B de prendre des décisions mieux informées vis-à-vis de leurs clients, en les considérant dans leur globalité. Il prédit qu’il s’agit de l’une des principales tendances qui prendront leur essor d’ici un à trois ans. Faute d’être en activité depuis suffisamment longtemps, en décembre 2019, plus de 3,5 millions* de PME étaient quasiment invisibles. Elles n’étaient pas en mesure de fournir les données utilisées par les banques traditionnelles pour évaluer leur cote de crédit. Sabih souscrit, prédisant qu’il s’agira de la principale tendance en matière de prêt, et qu’elle sera déterminante dans l’espace B2B.

Les données alternatives sont déjà largement utilisées dans le domaine de la consommation en ligne. Par exemple, lorsqu’un site vous recommande des cartes de crédit, celles-ci sont déterminées en fonction de votre activité sur le web et non pas nécessairement selon votre score de crédit. Sabih souligne que les données alternatives sont déjà présentes dans l’espace de prêt B2B de la Fintech, et qu’elles évolueront rapidement au point de devenir un élément de différenciation pour les Fintech. Il explique : « Si vous venez de vous établir en tant que PME, comment prouver que vous êtes solvable ? C’est l’angle de l’intégration. Si une Lendtech est intégrée dans les réseaux sociaux, ou dans un logiciel de comptabilité, et qu’elle peut ensuite analyser ces grands ensembles de données alternatives, cela signifie que même si une PME n’a pas un historique commercial important, la Lendtech peut tout de même constater que son activité de commerce électronique est en croissance, et elle peut donc lui accorder un prêt plus important que ne le ferait une banque traditionnelle pour une jeune entreprise. »

Révolution ou évolution ?

Sabih de MarketFinance est fermement convaincu que le prêt intégré est une évolution et non une révolution. « Pensez à PayPal il y a bien longtemps, à Klarna aujourd’hui, aux applications bancaires comme Starling : les signes montrent clairement que nous nous dirigeons vers la finance intégrée, le prêt intégré. C’est un phénomène qui bouleverse lentement les secteurs traditionnels et la façon dont nous travaillons, mais il s’agit d’une évolution. Dans trois à cinq ans, tout cela nous semblera normal. »

Les applications B2B sont susceptibles de se développer au-delà du commerce électronique, avec des solutions telles que le prêt et l’assurance, de plus en plus susceptibles d’être intégrées dans d’autres produits destinés aux entreprises.

« MarketFinance a avancé plus de 3,5 milliards de livres sterling aux PME ces dix dernières années. Nous avons hâte de voir ce chiffre augmenter rapidement dans les dix prochaines années. » Sabih Ali

En 2014, HM Treasury a annoncé des projets visant à rapprocher les PME dont les demandes de prêt ont été rejetées par les banques traditionnelles en travaillant avec des banques challengers et des options de financement alternatives.

*AmplyFi Insights juillet 2021   **AmplyFi Insights juillet 2021

Sabih Ali

Avant de rejoindre MarketFinance en tant que responsable du développement des partenariats stratégiques au sein de la Fintech, Sabih Ali a travaillé pendant onze ans pour des jeunes entreprises du secteur des logiciels et pour des sociétés SaaS. Au cours de cette période, il a vu les services cloud passer d’une lointaine possibilité en 2012 à une évolution complète du marché en 2017. Constatant que ce sont les partenariats entre les prestataires de services cloud et les sociétés de logiciels qui en sont à l’origine, Ali a rejoint Market Finance pour développer les partenariats stratégiques entre ces entités.

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